A condition de vous trouver assez loin, et de ne pas posséder un oeil de lynx, les deux frères Laudier vous sembleront identiques. Il suffit cependant de s'approcher pour distinguer qui est qui. En effet, si Herbert, du haut de son mètre 70, mesure un centimètre de plus que son frère, et si tous deux ont une musculature en développement, il est facilement remarquable que notre jeune Tour blanche préfère passer inaperçu. Ce à quoi il parvient plus ou moins, détenteur d'une apparence plutôt passe-partout, hormis une beauté d'origine inconnue et dont il n'est pas conscient. Et vous pouvez dire sans être désagréable qu'il ne soigne pas particulièrement son apparence.

Ses cheveux d'un brun tirant sur le noir, vaguement retenus par un casque - pour pouvoir écouter de la musique - de couleur variable, forment épis et mèches désordonnées qui retombent de manière aléatoire sur un visage au teint clair. Dans ses yeux bruns eux aussi, joie de vivre et concentration infinie se mêlent étroitement, lui donnant une curieuse expression. De taille moyenne donc, mince voire maigre, dépourvue de musculature, Herbert possède une silhouette svelte et vive. Souvent très simplement vêtu d'un ample T-shirt de couleur unie - la plupart du temps blanc - et d'un jeans associé à une paire de baskets, la Tour de sa Reine passerait donc pour une personnage tout à fait normale, si ce n'était ce long manteau qu'il est obligé de porter du fait de sa fonction. Mais ce truc lui cause bien trop de soucis, du coup il finit bien souvent dans l'armoire, et voilà donc un Herbert invisible pour son plus grand bonheur !

En temps que quelqu'un d'incroyablement constant, Herbert est simple à décrypter et à définir.

Doté par Mère Nature d'une perspicacité à en faire pâlir d'envie, il voit les soucis arriver de loin. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a été nommé au poste de Tour Blanche : prévoir les soucis avant qu'ils n'arrivent ? Un excellent moyen pour les éviter ! Fuir, d'ailleurs, c'est ce qu'il fait de mieux. Un véritable chef en la matière ! Un problème ? Il n'est plus là. Ainsi, rien ne peut lui arriver. Et rien non plus n'arrivera aux clés qu'on lui a confié ! S'il ne peut pas fuir - ce qui arrive rarement, ouf - il use de bon sens pour régler la situation. Un bon pavé sur le bien et le mal, et pouf, ça impose le respect ! Perspicace et bon organisateur - et même s'il trouve ce travail un peu lourd - il remplit de bon gré sa place de gérant des évènements culturels.

Hormis tout cela, Herbert, malgré son rang, garde les pieds sur terre, ainsi qu'une simplicité et une joie de vivre qui en fait une personne agréable et facile à supporter.

Par ailleurs, parlons un peu des goûts de notre Tour.
Simplicité une fois de plus. Herbert n'aime pas beaucoup le grand luxe, et se complaît dans l'austérité. La solitude lui convient au même titre que la multitude. Tant qu'on le laisse tranquille - et si on ne le laisse pas, il s'enfuit -, tout est parfait pour lui.

Le jeune Laudier, pour résumer sa vie en quelques mots, a eu une enfance et un début d'adolescence simples, à son image.

Un 23 août, éclairés par un chaud soleil d'été, deux nouveaux-nés vinrent bouleverser la vie d'un jeune couple déjà en mauvais termes. Les enfants à peine en âge de gargoter quelques syllabes et de marcher - presque sans tomber -, fatalement, les époux Laudier décidèrent de sceller leur divorce. Le petit Herbert, qui n'était pas encore parvenu à l'âge de donner son avis, quitte le petit appartement - revendu - dans les bras de son père, sans même dire adieu à son jumeau. Jumeau dont il ne se souviendra pas et que le paternel ne songera à le rappeler à sa mémoire que beaucoup plus tard.

Devenu un gamin discret et peu capricieux, du fait de l'éducation simple donnée par son père et de la condition simple de ce petit ménage, le jeune français passa son enfance dans un coin perdu de la France, sans nouvelles de l'autre partie de sa famille. Très vite, le petit Herbert prit pour habitude de fuir tous les soucis éventuels - soucis qu'il présidait à merveille, sans pour autant s'en rendre compte. Assouvissant sa curiosité dans l'apprentissage des langues et dans la recherche perpétuelle de morceaux musicaux qui lui étaient jusqu'alors inconnu, le fils Laudier, petit déjà, forgeait l'adolescent qu'il allait devenir.

Adolescent qui, un jour, se planta devant son père, les sourcils froncés, les lèvres formant une moue soucieuse. Il avait prédit, sentit un problème imminent, et il allait mettre ça au clair avec monsieur Laudier, qui lui cachait forcément quelque chose.